Les Cholultecas, habitants de Cholula depuis plusieurs millénaires, ont comme beaucoup une origine mythologique, car c’est toujours plus sympa que de dire qu’un groupe de primitif est venu là par hasard et y est resté car la chasse était bonne. Le nom original de la ville est Cholollan, qui signifie en langue Nahuatl – celle des Aztèques- « le lieu où l’eau tombe ».
La ville existe sous ce nom depuis le 5ème siècle avant JC, période à laquelle la première pyramide fut édifiée, ce qui en fait la ville pré-hispanique la plus ancienne des Amériques, grande classe. Elle fut d’ailleurs une ville immense sous le règne des Aztèques, deuxième plus grande ville après Tenochtitlan, et comptait à l’arrivée de Cortès plus de 100 000 habitants (et après son passage quelques milliers de moins, mais ce sera une autre histoire).
Voilà donc le mythe de la création de la ville et surtout de sa célèbre Grande Pyramide.
A l’époque du déluge, encore appelé Atonatiuh, « Soleil de l’eau », qui correspond à la quatrième étape de la création du monde par les Dieux selon la cosmogonie Aztèque, des géants et des hommes peuplaient la terre, qui n’était qu’une vaste étendue de roche et de sable. Chaque étape de la création étant caractérisée par une destruction (c’est très Shumpeterien comme approche) qui force les hommes à évoluer, Atonatiuh se termina par une destruction un déluge, avec une pluie tellement forte que les cieux s’effondrèrent. La pluie amena donc la plupart des macehuales (hommes du peuple en langue Nahuatl) à se transformer en poissons, qui devinrent toutes les espèces connues aujourd’hui.
La légende dit que sept géants, des frères, vivaient dans la région de Cholula. Ces frères étaient forts, sages et considérés comme « élus des dieux » pour leurs nombreuses qualités et étaient donc admirés par les Macehuales (« populations locales » en Nahuatl). Comme tout statut de héros, ils généraient aussi de plus en plus de jalousie et les Macehuales commençaient à comploter pour se débarrasser de ces encombrants personnages.
Un jour que Xelhua et ses frères préparaient les célébrations traditionnelles du Feu Nouveau, ils firent un rêve où les Dieux leurs disaient de se rendre sur la montagne de Tlaloc, Dieu de la pluie, pour échapper au déluge qui mettrait fin aux Macehuales jaloux. Ils s’empressèrent d’aller se mettre à l’abri dans une grotte de la montagne, et le déluge commença, un déluge tel que la terre n’en avait jamais connu (puisqu’elle ne comportait pas encore d’eau). Il plut d’abord des serpents venimeux, allez savoir pourquoi, puis des torrents d’eau, emportant les hommes dans leurs flots.
Après des jours de déluge et une eau qui avait recouvert la surface de la terre, un rayon de soleil apparut finalement au bout de la grotte où étaient réfugiés les géants, annonçant la fin de la pluie et de leur retraite. Ils sortirent et, suivant un nouveau signe des Dieux de l’Anahuac, prirent chacun un chemin différent pour faire connaitre au monde la grandeur des dieux, même s’il ne restait plus grand monde.
Xelhua, l’un des sept géants, partit dans la vallée de Cuetlaxcoapan et arriva bientôt à un endroit où les eaux s’étaient retirés et où se dressait une belle colline. Il décida d’y fonder une ville qu’il nomma Chollolan, « lieu où l’eau tombe », pour rappeler le déluge. Et comme la colline ressemblait à la montagne qui l’avait sauvé, il décida d’y ériger une grande pyramide pour rendre hommage au Dieu Tlaloc. Pour cela, il fit appel aux lointains habitants de Tlamanalco qui étaient encore vivants. En effet ils avaient développé l’art de la brique, et, enthousiasmés par le projet, ils acceptèrent de l’aider et formèrent une immense chaine humaine pour acheminer les briques jusqu’à la colline sur laquelle bientôt une pyramide immense apparut.
Hélas, Xelhua n’avait pas prévu que cette construction majestueuse pourrait lui attirer à nouveau des jalousies, mais cette fois ci divines. En effet le Père des Dieux, Tonacatecutli, voyant cet édifice qui montait et menaçait de s’approcher du ciel où il régnait, voulut punir les présomptueux. Dieu de l’orage, il envoya de la foudre ainsi qu’une immense pierre en forme de crapaud pour brûler les audacieux ouvriers de Tlamanalco et écraser la vanité de Xelhua.
Mais il manqua son but, car Xelhua survécut et décida de continuer son œuvre, en honorant pieusement l’ensemble des dieux qui le laissèrent alors terminer son ouvrage. La pyramide reçut le nom de Tlachihualtépetl (« La Colline faite à la Main » en langue nahual, imprononçable je vous le concède) et devint le plus grand édifice religieux du monde Aztèque.
Pour la petite histoire, vous imaginez bien qu’en arrivant, les conquistadors s’empressèrent d’ériger une croix au sommet de cette pyramide païenne. Par trois fois la foudre détruisit la croix. Tonacatecutli était il encore une fois jaloux ? Pourtant cela ne découragea pas les missionnaires, dont la persévérance est légendaire, et ils construisirent alors au sommet un sanctuaire dédié à la Virgen de Los Remedios, qui s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui et donne lieu à des célébrations mi-aztèques mi-chrétiennes, mélange de danse et de processions, bel exemple d’un syncrétisme réussi. On retrouve d’ailleurs dans ses décors baroques des têtes couronnées de plumes qui évoquent plutôt le panthéon pré-hispanique, signe que les conquistadors avaient intelligemment intégré dans leur église de quoi contenter (et donc y faire rentrer) tout le monde.
Bonjour Hélène
Merci pour ce bel article très intéressant.
Je pense qu’il y a du vrai dans les légendes. Dans toutes les traditions du monde, il est question d’un déluge . Ce déluge a du être très ancien, il pourrait Correspondre à la destruction de l’Atlantide il a environ 12000 ans.
Donc je suppose que la pyramide de ton article est beaucoup plus ancienne que la date officielle ne le dit, le 5ème siecle avant J.C. et il est possible que dans des temps reculés, des géants ont existé sur la terre car il a des témoignages dans de nombreux récits anciens de part le monde.
Le dieu Mexicain Quetzalcoatl qui aurait bâti Teotihouacan et qui est venu de la mer, serait peut-être un descendant des Atlantes, une civilisation technologiquement et spirituellement très avancée, qui a été détruite par un déluge. Ce qui montrerait que ces pyramides extraordinaire sont bien plus anciennes que l’histoire officielle ne le dit. De même pour beaucoup d’autres pyramides comme celles de Gizeh en Egypte etc. On ne peut pas dater les pierres au carbone 14 donc le doute peut subsister.