Les défilés du Sambodrome, symbole ultime de ce carnaval traditionnel et spectacle unique au monde, sont beaucoup plus qu’un simple divertissement pour étourdir le public dans un déballage extraordinaire de couleurs, de formes, de musique et de mouvement. Il s’agit d’une compétition très stricte entre les différentes écoles de Samba de Rio de la ville.
Les écoles de Samba représentent traditionnellement un quartier populaire de Rio, mais peuvent avoir des membres d’autres quartier puisqu’elles attirent selon leur prestige des dizaines de milliers de bénévoles qui préparent la compétition.
Bien au-delà du défilé lui-même, spectacle son et lumière et comédie musicale de plusieurs milliers de danseurs, musiciens et chanteurs, c’est une année entière de préparation et des règles extrêmement strictes pour espérer remporter le graal : être sacré « Champion » du concours des écoles de Samba.
Pour cela, il faut déjà pouvoir concourir : les près de 70 écoles de Samba de Rio sont divisées en ligues, ou « grupos » qui sont comme au foot divisés en catégorie A, B, C, D, E, la catégorie A ou Or étant la seule à défiler dans le Sambodrome, le reste défilant dans les rues. Il y a aussi la ligue des champions qui est le « Grupo Especial » qui rassemble les 12 meilleures écoles de Samba qui vont défiler dans le Sambodrome les deux derniers jours du Carnaval et seules ces 12 écoles peuvent se battre pour le titre de Champion. C’est sur la base de leur classement lors de la compétition du Carnaval que les écoles sont « promues » ou « reléguées » dans les divisions supérieures ou inférieures. Un long chemin de souvent plusieurs dizaines d’années pour arriver au sommet tant convoité !
Les écoles de Samba sont une tradition née dans les années 20 dans la continuité des « blocos » et « ranchos » du Carnaval du XIXeme siècle, et leur compétition est la principale attraction du Carnaval de Rio.
Chaque école à ses couleurs, son drapeau, ses caractéristiques et son quartier général (un des quartiers de la ville). Elle rassemble une immense communauté de petites mains et grandes mains pour préparer le défilé financé par des sponsors spécifiques, des fêtes régulières et les entrées du Sambodrome.
Une école de Samba qui va concourir est constituée de nombreux éléments qui donnent une idée de la grandeur du défi à réaliser chaque année. Nous avons eu la chance de pouvoir en admirer la crème de la crème lors du « Desfile das Campeãs » au Sambodrome qui rassemble les 6 meilleures écoles du Carnaval de l’année qui refont leur défilé après la compétition.
- Un « Enredo », thème pour le Carnaval, qui est souvent inspiré de sujets d’actualités ou de références aux racines populaires du Brésil, et en particulier à ses racines Africaines et à la Samba. Cette année le gagnant a remporté avec un thème autour de « Exu », une malicieuse divinité Afro-brésilienne de la religion Candomblé, pour dénoncer le racisme religieux. Une autre école parmi les « gagnants » traitait de la victoire de la vie sur la mort, en référence au Covid et à la grippe Espagnole qui décima le monde il y a un siècle. Une autre rendait hommage à l’œuvre de Martinho, un « Sambista » célèbre pour ses musiques et ses engagements en faveur des favelas.
- La musique de Carnaval : une samba qui va illustrer le thème choisi par l’école pour cette année, elle est composée par des Sambistas sous forme d’un concours interne qui a lieu quelques mois avant le Carnaval. Les Sambas des meilleures écoles deviennent des « hits » dont les paroles sont reprises en chœur par le public.
Ma préférée, celle de Vila Isabel, en hommage à Martinho « Canta, minha gente, a vida vai melhorar » (« Chantez, vous tous, la vie va aller mieux »)
- Les percussionistes ou « bateria » (ils sont au moins 200 à défiler) qui vont jouer en live la Samba pendant l’ensemble du défilé, avec quelques chanteurs qui les suivent
- Les danseurs, qui sont divisés en sous-groupes ou « alas » d’au moins 100 participants avec un même costume et une même chorégraphie. Ils sont entre 2000 et 4000 à défiler par école.
- Les « Baianas » sont une « alas » spéciale constituée d’un groupe de femmes avec d’immenses jupes à panier qu’elles font tourner dans une chorégraphie pleine de couleurs pour évoquer les habitantes de Bahia et leurs grandes jupes d’inspiration Africaine
- Les costumes des participants, rivalisant de beauté et de créativité. Il y a plusieurs centaines de costumes différents pour un unique défilé, entre les différentes « alas », les percussionnistes, les danseurs et les figurants des chars. Les costumes sont tous faits pour l’occasion, autrefois dans les maisons de chaque bénévoles, aujourd’hui principalement dans la « Cidade de Samba », grand centre de confection des costumes et des chars partagé par les écoles
- Les chars allégoriques, entre 5 et 8, qui vont représenter le thème choisi par l’école par leurs décors époustouflants, avec sur le char des dizaines de danseurs et des célébrités qui vont animer le char par leurs chorégraphies. Les chars peuvent faire jusqu’à 9m de haut, ce qui permet une mise en scène monumentale, avec des éléments qui tournent, se lèvent, apparaissent et disparaissent pour ajouter à la magie du défilé. Les chars sont précédés de “Passistas”, des danseuses de samba aux vêtements et aux pieds légers.
Les chars de BeijaFlor, inspirés des « sagesses oubliées de l’Afrique » étaient pour moi les plus impressionnants.
- L’avant-garde « Commissão da Frente », un groupe d’une douzaine de danseurs, qui ouvre le défilé par une chorégraphie très travaillée exprimant le thème de l’école. Celle de Viradouro montrait l’avancée de la mort avec la vie qui tentait de se débattre.
- La « Porta Bandeira » Porte-Drapeau et le « Mestre de Sala » Maitre de Cérémonie, qui représentent les couleurs de l’école et vont danser ensemble, accompagnés d’une escorte. Traditionnellement la « Porta Bandeira » est une femme d’une certaine stature avec une immense jupe qui tourne tandis que le Mestre de Sala est là pour la mettre en valeur en sautillant tout autour.
- La « Reinha de Bateria », une femme plantureuse qui danse en tête des percussionistes, avec le costume « cliché » de très peu de tissu sur le corps et beaucoup de plumes sur la tête. Et une samba frénétique qui défie les lois de la gravité vu les talons de 15cm et l’énorme coiffe qu’elle porte.
Chacun de ces éléments va être jugé séparément par les 36 juges du Carnaval qui vont attribuer ainsi les points aux différentes écoles, avec pour critère supplémentaires :
- le rythme fluide de progression du cortège qui doit parcourir l’ensemble des 800m du Sambodrome en moins de 75min. Avec 4500 participants et des chars, c’est un immense défi, qui nécessite des centaines de « diretors » qui guident la progression du cortège à grands coups de sifflets (mais toujours en rythme bien sûr)
- l’harmonie d’ensemble de tous ces éléments
Et surtout chacun de ces éléments va donner lieu à un spectacle inoubliable dans le Sambodrome, pour une nuit magique où 6 écoles vont défiler à la suite, dans un enchainement parfait, chacune donnant le meilleur d’elle-même et montrant la force de ce travail artistique collectif, débordant de joie et de créativité. C’est extraordinaire de voir ainsi sublimée toute l’énergie des quartiers pour partager au monde entier la fierté de leur culture.
On est complètement sous le charme. Il règne une ambiance électrisante dans les tribunes déchainées qui reprennent en chœur les sambas et dansent au rythme des défilés, au point qu’on a oublié l’heure et qu’on est restés jusqu’au bout pour saluer « Exu » à 5h30 du matin ! Le réveil avec les enfants piquait un peu, mais après une nuit de rêve comme celle là la fatigue est douce.
Puis je faire suivre ces Instagram à un ancien client patron d’un petit groupe de cliniques psy et ephad vendus à Orpéa ? Il est lui même d’origine sicilienne psychiatre passionné de zoos car moyens de guérison des malades psychologiques par les animaux et admirateur de l’Afrique ( collection dart africain selon lui plus belle que celle du musée Guimet)qu’il estime être le continent du salut de l’humanité car le plus créatif malgré ses siècles d’oppression occidentale. ?
Je ne sais pas si c’est le lieu pour te faire cette demande : je ne sais ni ce qu’est vraiment Instagram ni comment marche un bloc et ses commentaires.
Je t’embrasse